17 Document (s)

Tout en subissant l'influence de traditions venant de l'Europe occidentale, la musique américaine du XXe siècle a été un terrain d'expérimentation de techniques nouvelles. Du néo-classicisme raffiné de la Sérénade de Leonard Bernstein au métier exceptionnel de Bernard Herrmann dans le domaine du Septième Art, des innovations philosophico-musicales de Charles Ives au lyrisme poétique de l'Adagio de Samuel Barber, quatre facettes de l'histoire de la musique du Nouveau Monde sont ici représentées

On connaît l'attachement que Katia et Marielle Labèque portent à leur terre de naissance. Elles décident de rendre hommage à leurs racines en interprétant un répertoire rassemblant les oeuvres de compositeurs basques depuis la Renaissance jusqu'à nos jours. Ce disque nous plonge ainsi au coeur de la culture basque avec des compositeurs qui ont su mélanger les racines populaires à la musique dite savante. En compagnie de l'ensemble Hegiak, du contreténor Carlos Mena, du choeur Escolania Easo Araoz Gazte et d'Elena de Murguia Erreta à la viole de gambe, les deux pianistes revisitent cinq siècles de musique, avec en filigrane l'euskara, la langue basque, et en point d'orgue un Boléro jubilatoire.

Au XVIIIe siècle, il n'était pas toujours facile pour un compositeur de rester fidèle à lui-même sur des bases compositionnelles, esthétiques et formelles, tout en répondant aux exigences de son statut de musicien de cour princier. Ceci peut être compris dans ce commentaire de Bach : "Parce que j'ai dû composer la plupart de mes oeuvres pour des individus spécifiques et pour le public, j'ai toujours été plus contenu dans ces pièces que dans les quelques morceaux que j'ai écrits pour moi-même". Cela montre la tension qui existait entre ses aspirations artistiques personnelles d'une part, et la nécessité de gagner sa vie de l'autre. Ce dernier point signifiait souvent qu'il fallait prendre en compte le goût d' "individus spécifiques", y compris Frédéric le Grand, que Carl Philipp Emanuel Bach avait servi pendant trente ans comme claveciniste de chambre.

Vittorio Ghielmi est l'un des gambistes les plus reconnus. Avec son ensemble, il recherche de nouveaux langages musicaux et collabore avec les grands du jazz ainsi que les maîtres de la musique traditionnelle. Avec ce disque, lui et ses amis tziganes nous présentent un album éblouissant et plein de vie. Il est allé en Transylvanie à la découverte des musiques gitanes du XVIIIe siècle qui se jouaient aux frontières de l'Empire ottoman et de l'Autriche... musiques qui ont influencé des compositeurs comme Mozart ou Haydn pour leurs fameuses "turqueries". Pour cet enregistrement, il met en perspective ces musiques tziganes (dont seule la mélodie est écrite) avec les orchestrations de l'époque. Aux musiciens baroques de son ensemble, se sont joints des complices de longue date (la soprano Graciela Gibelli et la flûtiste à bec Dorothee Oberlinger) et des musiciens traditionnels, comme le violoniste slovaque Stanislav Paluch et Marcel Comendant, virtuose du cymbalum et de l'improvisation.

Le corpus des mélodies de Francis Poulenc est l'un des plus généreux et des plus aboutis du répertoire français. Ami de poètes comme Apollinaire, luard, Aragon ou Louise de Vilmorin, Poulenc est à l'écoute de leurs imaginaires et de leur mystère. La nonchalance voluptueuse ou nostalgique, la douceur mélancolique ou la légèreté impertinente de ses mélodies, qui n'ont jamais l'air de se prendre au sérieux, relèvent toujours du grand art.

Ce disque réunit les deux quatuors à cordes de György Ligeti, disparu en 2006, par le tout jeune Quatuor Béla qui est passé maître dans l'interprétation de cette musique, notamment pour son travail de précision, de finesse, son engagement, son homogénéité, sa musicalité. Un travail où l'énergie et la subtilité ne cessent d'alterner dans une recherche constante de couleurs, d'harmonies, de rythmes, de contrastes. Ces deux oeuvres d'une intensité rare, parfois génialement fulgurantes, permettent de comprendre pourquoi la musique de Ligeti, pourtant si complexe et si rigoureuse, peut tout de même séduire un très large public. La création et l'audace y sont permanentes.

Leif Ove Andsnes cultive un profond intérêt pour la musique de Sibelius qu'il connait depuis toujours. Dès 1990, sa passion s'est nourrie de sa rencontre avec l'un de ses meilleurs interprètes au XXe siècle, le chef finlandais Paavo Berglund (1929-2012), sous la direction duquel il a beaucoup joué. Sibelius a écrit plus de 150 oeuvres pour le piano, mais celles-ci sont longtemps restées dans l'ombre de sa musique orchestrale. Souvent considérées comme dépourvues des riches textures sonores caractéristiques de ses partitions orchestrales, elles sont en grande partie ignorées. Explorant l'intégralité de la production pianistique du compositeur, Leif Ove Andsnes a soigneusement sélectionné les pièces qu'il juge dignes d'être reconnues et avec lesquelles il se sent une profonde affinité.

La moscovite fait une entrée remarquée chez Alpha en proposant un disque intégralement consacré à Beethoven. On se rappelle son interprétation de l'opus 111 parue chez Fuga Libera, qui avait fortement impressionné par sa justesse et sa maturité. Dans cet enregistrement, elle a choisi d'associer les deux Sonates de l'opus 49 à trois cycles de variations, donc d'aborder cette fois ce qu'il est convenu d'appeler des plus petites formes, mais qui n'en restent pas moins des oeuvres majeures de Beethoven. Cette pianiste force l'admiration par sa manière de toujours élargir sa route déjà longue (elle a donné son premier récital à 9 ans à New York) en s'appuyant sur certaines grandes influences (notamment celle d'Alexeï Lubimov), et ainsi en affirmant encore davantage sa personnalité de musicienne d'exception.

Après l'immense succès du premier volume (Diapason d'or de l'année 2014), Ophélie Gaillard présente un nouveau portrait du fils le plus doué de Jean-Sébastien Bach, Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) avec ses musiciens de Pulcinella.